Alors qu’un conflit interminable déchire la Fédération, sans qu’aucune fin ne semble en vue, une fraction de la population galactique n’a cessé de croître pour alimenter chaque machine de guerre. Les androïdes, nés des brillantes industries lunaires il y a plus de deux siècles, se sont installés dans les territoires conquis par l’homme, avec pour seul objectif de lui tenir compagnie et d’accomplir les tâches que certains refusent désormais d’exécuter.
Qu’il s’agisse de garde d’enfants pour les plus fortunés, d’enquêteurs, de pilotes ou de travailleurs dans les usines, ces êtres de métal sont un concentré de technologie en constante évolution. Pourtant, leur condition n’a pas changé aussi vite que leurs circuits. Les androïdes, bien que pensants, n’ont pas obtenu le statut d’individu que leurs créateurs auraient souhaité leur offrir. Ils restent des machines, créées pour servir, avec pour seuls droits ceux définis par le gouvernement fédéral.
C’est dans ce contexte qu’un mouvement a vu le jour au sein de la Fédération. Vingt ans avant l’appel à la nouvelle grande conquête, La Gloire d’Énée a fait parler d’elle en revendiquant l’un des attentats les plus meurtriers que Mars ait connus. Progressivement, cette secte s’est infiltrée dans les systèmes conquis, implantant dans les esprits les plus fervents l’idée que la machine, grâce à la perfection de sa mécanique, mérite d’être vénérée comme le divin l’avait été autrefois.
“L'homme, comme toutes ses créations, est destiné à périr et c'est en reproduisant l'image prétendument parfaite d'un créateur que nous avons vu le jour. L'univers, vaste machine qui ne cesse jamais de tourner, nous accueille et nous pousse à avancer, prospérer, mais surtout à nous élever au-dessus de notre condition.” - Yadath, à la Gloire d’Énée.
Lorsque ce mouvement est parvenu aux oreilles des dirigeants de la Fédération terrienne, il a été immédiatement interdit. Pourtant, la croyance selon laquelle tout androïde devrait être libre et reconnu comme une partie de la mécanique parfaite de l’univers a continué de croître aux marges des mondes conquis. Loin des centres de pouvoir, de nombreux groupes de croyants ont émergé, allant jusqu’à inciter les Chasseurs d’Étoiles à intervenir.
Ces terroristes, majoritairement humains mais aussi androïdes, ont été traqués et emprisonnés, tout en scandant qu’un jour, Énée viendrait les libérer et mettrait fin à l’enfer que sont l’ISN et la Fédération. Depuis, la traque continue, mais les androïdes, bien que surveillés, n’ont pas perdu leurs droits, permettant à la majorité de ces machines de vivre en paix.
Contrairement à leurs voisins, le Consortium traite différemment les androïdes afin d’éviter toute rébellion de la part de machines capables, d’un simple coup de poignet, de briser le membre d’un être humain sans la moindre difficulté. Fut ainsi instauré dans leur système un principe fondamental, celui que l’homme était avant tout une créature leur ayant donné la vie, plongeant ainsi ce faible pourcentage de la population de cette faction dans un obscurantisme et un fanatisme qui alimente régulièrement les premières lignes du front avec la Fédération.
“Un bon androïde est une machine qui sert. Il n’a de droit que celui de servir. De sa naissance à son décommissionnent, un androïde sert l’Homme sans jamais le contredire.” Gabryel Shayn - Tres Regulae Machinae Naturae Regulas Superantes.
On pense par ailleurs que ce fameux culte envers les machines androïdes proviendrait d’un de ces êtres dont le matrice de réflexion, sûrement défectueuse, aurait été capable de supplanter cette directive morale. Le Consortium pour sa part, nie cette évidence en bloque et tout soulèvement ou évocation de ce mouvement de pensée est réprimé dans le sang teinté de bleu des machines à l’enveloppe et aux réflexions profondément humaines.